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Carte Blanche #2 : Le spectre du Brexit by KotCitoyen

Le 23 juin 2016, 51,89% des 33 551 983 bulletins de vote poussaient le Royaume-Uni vers un Brexit inéluctable. Le taux de participation était de 72%, un record pour le pays. A. Betts, Directeur du « Refugee Studies Centre » de l’université d’Oxford a étudié les causes du Brexit et livre ses conclusions dans un speech Ted surprenant.

     Le chercheur commence par confirmer combien la société anglaise est divisée : les votes opposent non seulement jeunes et plus âgés, mais également – et surtout – des niveaux d’éducations, des classes sociales et des régions différentes.

     D’après les sondages, M. Betts relève que les deux motivations principales des « Leavers » étaient l’immigration et la Souveraineté. Lisez plutôt : peur et aliénation. Autrement dit, le débat politique actuel tend à se déplacer d’un classique « Droite – Gauche » à un plus récent « Pour – Contre la mondialisation ». La récente actualité concernant le CETA confirme, à mon estime, ce point de vue. Plus qu’un vote sur l’Union Européenne, nous avons eu là un vote sur la démocratie et le sentiment d’être représenté.

     Et ce vote peut survenir partout : De Trump à Orbàn en passant par Le Pen, les discours s’axant sur les oppositions que nous abordons semblent gagner du terrain. Rappelons donc le dilemme principal de la mondialisation : si la plupart des académiques s’accordent à dire que les libertés de circulation bénéficient globalement à l’économie et à la coopération (et donc la paix ?), la mondialisation amène, a priori, des effets redistributifs qui créent des gagnants et des perdants, ce qui suscite des craintes légitimes.

     M. Betts avance donc différentes solutions pour contrer les replis. Il s’agirait de diminuer l’avancée d’une société postfactuelle, où le mensonge a parfois autant de force que la vérité, par l’éducation. Relevons que les « Leavers » ont, en moyenne, bénéficié beaucoup plus de l’Union Européenne que les « Remainers », ce qu’ils n’ont pas su percevoir. Mixer les cultures constitue également une solution : relevons que les régions les plus tolérantes envers les migrants sont celles qui cohabitent avec le plus de migrants et vice versa : on a peur de ce qu’on ne connaît pas. Responsabiliser les politiques et redistribuer les bénéfices de la mondialisation seraient des pistes à développer.

     Enfin, en termes de conséquences économiques, beaucoup d’incertitudes subsistent. Les négociations, dirigées par Michel Barnier, avec le Conseil Européen seront capitales à cet égard. Différents scénarii sont envisagés pour éviter l’écroulement économique du pays : une appartenance du Royaume-Uni à l’Espace Economique Européen (ce qui implique peu de changement en termes d’immigration et une participation au Marché Unique sans réel pouvoir de décision, beaucoup sont donc sceptiques), conclure un Traité de Libre Echange (avec les controverses que cela suscitera), ou opter pour la solution suisse : négocier des traités sectoriels, ce qui demanderait beaucoup de temps et des couts non négligeables. Affaire à suivre !

 

Plus d’infos :

Discours Ted : http://www.ted.com/talks/alexander_betts_why_brexit_happened_and_what_to_do_next Scénarii envisagés : « Leaving the EU – RESEARCH PAPER 13/42 », House of Commons Library, 1 July 2013 ; et http://www.economist.com/blogs/economist-explains/2015/04/economist-explains-29 Résultats du référendum : http://www.electoralcommission.org.uk/eu-referendum Sur l’Espace Economique Européen : http://www.efta.int/eea/eea-agreement/eea-basic-features

 

Fiche pour les Nuls par Norman du kotCitoyen

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