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Pourquoi les femmes seraient-elles moins bonnes aux échecs?

J'entends par le terme échecs, non pas ceux qu'on essuie à l'occasion – auquel cas femmes et hommes seraient à égalité – mais ceux que l'on pratique, à neurones déployés le long des 64 cases que comporte un échiquier. Et même s'il arrive que ces acceptions se croisent, à l'orée d'une finale particulièrement mal engagée, je ferai ici une différence et ne garderai des deux que le jeu, l'art, le sport. 

 

Car oui, les échecs sont un sport, n'en déplaise à ses détracteurs qui confondent sport et bain de sueur. Il est donc possible de pratiquer une activité sportive sans parfumer la pièce d'effluves nauséabonds et d'arborer un front olympien, à défaut de sourires niais. Nous sommes bien loin de l'image puérile de joyeux anthropiens bombant le torse, tel un gorille prêt à en découdre, chaque fois qu'ils réussissent l'incroyable exploit de frapper dans une balle. Quatre millions d'années d'évolution pour en arriver là, cela mérite bien quelques applaudissements.

Ils sont aussi un art et le 7ème leur a déjà consacré plusieurs films. La littérature n'est pas en reste puisque Stefan Zweig (Le joueur d'échecs) et Vladimir Nabokov (La défense Loujine) nous plongent dans l'esprit torturé de deux joueurs passionnés qui voyageront jusqu'aux limites de la folie. Certaines combinaisons sont si belles, et leurs auteurs si inspirés, qu'elles demeureront à jamais gravées dans le marbre échiquéen que des générations de joueurs iront caresser de leur regard admiratif. Un prix de beauté est même décerné à la plus belle partie d'un tournoi. Aussi se souviendra-t-on de la partie de l'Opéra jouée en 1858 à la à la Salle Le Peletier, à portée de mains des comédiens qui interprétaient, ce soir-là, La Norma de Bellini que je vous laisse redécouvrir pour l'occasion. Anna Netrebko est fabuleuse.

Et enfin c'est un jeu qui, bien que cruel – aucunes funérailles ne seront jamais organisées pour la moindre pièce tombée au combat – exhorte le pratiquant à la magnanimité. Il est donc mal vu de frapper ses adversaires à l'envi, armé de la pendule, ou de les agonir d'insultes quand ils vous prennent un pion. Les grimaces de dépit sont en revanche permises, n'hésitez donc pas à en user. C'est sans doute ce que Rousseau faisait après chaque défaite qui, semble-t-il, furent assez nombreuses.



Mais je m'égare. Revenons à cette différence notable existant entre les hommes et les femmes. Toutes les femmes sont perfides, artificieuses, vaniteuses, curieuses et dépravées. Je remercie Alfred de Musset pour cette définition haute en couleurs qui explique bien des choses, certes, mais pas tout. 

Scientifique avant d'être joueur, je me suis longuement intéressé au niveau des pratiquantes. Qu'une femme puisse développer une barre moins lourde qu'un homme ne m'a jamais surpris mais pousser une pièce sur un plateau en bois demande moins de puissance musculaire. La réponse n'était donc pas à chercher dans les journées que son adversaire avait passées, à se contempler dans la glace, devant le regard vide de ses congénères hypertrophiés (cousins proches des amoureux du ballon rond).

J'avais lu, çà et là, et sans grande conviction, des articles destinés à dénigrer l'intelligence féminine à grand renfort d'arguments fallacieux. Mais les explications scientifiques me semblaient abstruses et l'absence de sources renforçait mes doutes quant à la pertinence du propos. D'aucuns y verront un troll, mais non, elles ont vraiment un cerveau.
D'autres, arguaient que le manque de réussite qu'on imputait aux femmes, venait de l'instinct de chasseur du mâle dominant. C'étaient évidemment les avis d'orateurs qui avaient séché les cours de mythologie. Que Diane veuille bien leur pardonner.

La réponse est bien plus simple. Les femmes ont bien sûr le droit de jouer avec les hommes puisque les échecs sont mixtes. Néanmoins, la plupart préfèrent éviter cette configuration pour jouer entre elles. Les raisons sont diverses et si cet article met l'accent sur le facteur psychologique, l'aspect financier n'est pas étranger à ce choix. Pour vivre de cette passion, il faut être le meilleur, ce qui est plus simple quand le nombre de participants est réduit.
Mais à vouloir rester confinées dans l'élégance, les femmes se privent du plaisir de rencontrer des joueurs potentiellement mieux préparés qu'elles et progressent moins vite. Il s'ensuit une différence de niveau qui ne fait que s'accroître avec les années. Actuellement la meilleure des femmes n'occupe que la 59e place.

Une seule femme a réellement osé se confronter à cette gent masculine, orgueilleuse et teintée de machisme – tant il est vrai que certains joueurs parmi les meilleurs vouent un culte au phallus – et décida de ne plus participer aux tournois exclusivement féminins. En 1996, elle entrait dans le top 10 mondial et reste, selon moi, la joueuse la plus talentueuse qu'on ait vue à l'œuvre. Des commentateurs frustrés ont bien essayé de décrédibiliser son jeu mais cela ne l'a pas empêchée de battre de nombreux champions du monde, parmi lesquels Kasparov et Anand. 

À présent, je peux répondre à la question qui me taraude l'esprit depuis des années. Les femmes sont-elles génétiquement moins douées pour les échecs ? Non et pour une fois qu'elles sont douées pour quelque chose, il ne fallait pas rater l'occasion de le dire. Mais si elles veulent un jour être championnes du monde mixte, il faudrait qu'elles commencent sérieusement à s'activer.
 

Flint


Sources : 

en.chessbase.com
ajedrezdeataque.com
wikipedia
marmiton.fr

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