Vie étudiante

Une bière à pression (sociale) s'il vous plait !

« Ce soir, je me mets la pire.», « T’es pas encore assez saoul toi! », « Viens on s’affone! », ... : quel étudiant néo-louvaniste n’a jamais entendu ces phrases en soirée? Il est en effet impossible de contester que l’alcool a toujours été au centre des guindailles. En témoignent les défilés quotidiens d’étudiants transportant des bacs de bières sur le chemin de leur kot et les vidanges fièrement exhibées dans le coin des commus. Un bon nombre d’entre nous est conscient de ce culte voué à la bière et à la consommation rapide et excessive d’alcool, pourtant les conséquences néfastes de ces habitudes sont bien souvent inconnues sinon ignorées.

Pour mieux comprendre ce phénomène, l’UCL a fait le point sur la consommation d’alcool de ses étudiants dans une étude menée en 2016 par Pierre Maurage et Séverine Lannoy, tous deux membres de l’Institut de recherche en sciences psychologiques. Près de 4500 étudiants aux profils différents ont été sondés sur leurs habitudes de consommation. Les résultats publiés sont interpellants : ceux-ci prouvent vraisemblablement que l’alcool est devenu une véritable drogue culturelle dans le milieu étudiant.

D’après les résultats, près d’un étudiant sur deux a une consommation d’alcool dangereuse. 7,6 % des sondés vont même jusqu’à frôler dangereusement la dépendance. En moyenne, un étudiant consommerait 17 verres de bière par semaine. Ce qui donne environ 4,25 litres par personne. Les étudiants en kot sont plus susceptibles d’avoir une consommation excessive, aussi bien que les étudiants en Bac 1 qui boivent plus que leurs aînés.

Les chercheurs ne se contentent pas de donner des chiffres, mais essaient également de comprendre les motivations qui poussent les étudiants à consommer autant. Bon nombre d’entre eux affirment que cela diminuerait leur stress et les aiderait à oublier leurs problèmes. Mais avant tout, ce sont la recherche de conformité et la motivation sociale qui ressortent des explications données. Ce qui permet de mettre un coup de projecteur sur le facteur déterminant de cette consommation abusive: la pression sociale.

Celle-ci est avant tout exercée par les amis et connaissances, mais également plus globalement par l’environnement dans lequel baigne l’étudiant. Un bon exemple: les campagnes de publicités pour l’alcool. Peut-être faites-vous partie de ceux qui ont reçu un bon pour un pack de Jupiler gratuit en janvier dernier? Cette campagne publicitaire visait expressément les étudiants, les milliers de bons étant directement distribués dans les boîtes aux lettres des kots de Louvain-la-Neuve. L’UCL a perçu cela comme une provocation à sa campagne de prévention.

Suite à ces résultats, l’UCL a en effet renforcé sa campagne de prévention associée à des mesures que l’on connaît à présent par coeur. « Guindaille 2.0 »: alterner la bière et le soft, privilégier les bars à eau et surtout boire de façon « responsable »… Nous connaissons tous ces mesures que nous nous amusons souvent à tourner en dérision. Pourtant il n’est pas rare qu’un lendemain de veille nous regrettions de ne pas les avoir respectées. En effet, les conséquences peuvent être graves. Sous l’influence de l’alcool, 8% des sondés avouent avoir été violents tandis que 12% d’entre eux affirment avoir eu des relations sexuelles non consenties ou regrettées.

Mais alors que faire si ces mesures de prévention ne suffisent pas? A mon sens, il est plus que nécessaire de s’interroger sur le facteur de pression sociale. C’est par une prise de conscience et un dialogue autour de cette problématique que nous pourrons continuer à faire la fête tout en rendant notre consommation plus intelligente et responsable.

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