Maxos

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Pour mon premier jour de stage à la RTB, l'équipe de Strip Tease m'emmène en tournage avec eux. Je ne sais pas qui est la cible, mais nous nous dirigeons, caméra à la main, vers Louvain-La-Neuve, au 12 rue de l'Hocaille. Arrivés au CarpeStudentem, nous sonnons, non sans appréhension. Un sombre individu, mal rasé, le mégot à la bouche et la démarche chaloupée nous ouvre en lancant cette singlante réplique de John Wayne : “Talk low, talk slow, and don’t say too much.” Il s'appelle Maxime Verheggen, sosie officiel du Duke.

 

Max, ou John devrais-je dire, nous invite à le suivre dans son antre. Premièrement, il demande à toutes les femelles de rester dehors. Sous leurs contestations et leurs cris stridents de féministes outrées, elles demandent pourquoi elles ne peuvent pas rentrer. Le ténébreux Max répond avec sa voix caverneuse "You know, pity isn't for me". Nous rentrons donc dans son repère, qui ressemble plus a un saloon qu'a une chambre. En effet, des dizaines de cadavres de bouteilles de whiskey jonchent le sol. Un feu de bois éclaire d'une lumière tamisée un canapé en cuir, à coté d'un grand lit, qui a dû voir passer un bon nombre de groupies.

 

Il nous propose un siège au coin du feu et débouche une bouteille de whiskey. Il faut savoir que nous sommes lundi et John (ou max) est le co-créateur du "lundi du whiskey". Il nous propose donc un verre, qu'une jeune et étrange femme en soubrette vient nous servir. Poliment, je décline sa proposition, en lui disant que 9h du matin, c'est trop tôt pour de l'alcool. Sur ce, il me répond sêchement : "I never trust a man who doesn't drink". Il ne m'adressera plus jamais la parole.

 

La discussion s'engage et nous en venons directement au fait : pourquoi a-t-il voulu ressembler absolument à John Wayne ? Sa réponse fut des plus mystérieuses : "A man's got to do what he's got to do". Ayant vu tous les films du Duke, une révélation apparue : toutes ses répliques sont extraites des célèbres westerns dans lesquels il a joué.

 

Nous l'interrogeons ensuite sur l'étrange poisson trônant au dessus de la porte d'entrée. Il nous répond d'une manière nonchalente que les thunes, c'est lui. En effet, sous ses airs de cowboy mal lêché, il est responsable de l'argent du projet. Il nous confie qu'il enc*le royalement ses cokoteurs, qui ont une confiance, mal placée dit-il, en lui. Il rajoute que non seulement, il nous vole notre argent, mais il nous vole notre bouffe, notre gnôle et surtout, nos femmes ! "You can take everything a man has as long as you leave him his dignity". En effet, Max est un séducteur né. Un de ses cokoteurs nous relate un événement du début d'année. Sa première recontre avec John se situe en Semaine 1, vers 3h30 du matin. Des bruits d'épérons dans les escaliers, une odeur de tabac qui vous prend à la gorge et 3 coups sur la porte. Il va ouvrir et se trouve face à l'incarnation du Duke, une fille plus que charmante pendue à son coup. Celui-ci, macho mais respectueux des femmes, était en quête de ce qui allait lui permettre de courroner sa nuit. Sous le regard réprobateur et même tueur de Max, son cokoteur se tu, surement terrorisé par le risque de représaille. C'est en effet une pratique courante et plutot chiante (qu'il croit hilarante) que John enferme ses cokoteurs dans leur chambre. "Life is tough, but it's tougher if you're stupid" lui répette-t-il sans cesse.

 

19h avait sonné et l'heure du "lundi" était arrivée. Il serait bientôt temps pour nous de nous éclipser avant l'arrivée des convives. Max nous permit de rester pendant qu'il se changeait. Il quitta donc ses bottes de cowboy, son chapeau et son blouson sali par la poussière des plaines arides pour enfiler un costume taillé dans le plus noble tissu, le tout assorti d'un noeud papillon d'un chic inégalable.

 

Durant toute la scène, nous restâmes tous ébahis devant sa silouette virile, son corps suant, ses muscles impressionnants et ses poils sauvagements ébouriffés.

 

Un coup de sonnette retentit. Notre heure était venue. Il ralluma une enième fois son mégot et nous raccompagna jusqu'à la porte. Il nous sorti une dernière de ses répliques cultes dont aucun de nous ne pu en saisir le sens. Cet homme est à l'image de son farwest pour lequel il vit, mystérieux et insaisissable, dur et aride, impitoyable et sans merci, mais sans lui, les Etats-Unis (comprendre, le Carpe) ne serait pas ce qu'il est.