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Un "Chacheu" ou un échasseur namurois dis…

« Namur en Mai », le festival des arts forains, c’était déjà ce week-end. Sous un soleil de plomb et des températures dignes des tropiques, les passants ont envahi les rues de la capitale wallonne. Spectacles ambulants, théâtre et contes, musique… difficile de ne pas y trouver quelque chose à son goût. Mais le festival des arts forains profite aussi de l’occasion pour remettre à l’honneur le folklore namurois, dont les échasseurs et leurs célèbres joutes.

 

Au son des roulements de tambour, les échasseurs défilent dans les rues de Namur. Le cliquetis de leurs échasses est bien audible. Les « Chacheu », se sont bien eux, les échasseurs namurois : le mot vient de notre beau wallon. En tête de cortège, le porte-drapeau. Il agite fièrement le drapeau à l’emblème de la Province de Namur. Pourquoi un lion barré par une barre rouge ? Car les échasseurs ont été, en grande partie, fondés à l’époque de Jean de Flandres, qui occupait alors le Comté de Namur. Vêtus de blanc et de rouge, ils portent un habit semblable à celui de la jeunesse namuroise du 17ème siècle.

 

On distingue deux équipes dans la bande : les Mélans, aux échasses jaunes et noires, et les Avresses, en rouge et blanc. Cette distinction remonte aux fondements des échasseurs de Namur en 1411. La Citadelle qui protège la ville était alors composée de quatre enceintes. Les deux premières, celles des tanneurs et du peuple, étaient fréquemment inondées. Las de se balader dans l’eau, un namurois inventa les échasses. En les utilisant, tout le monde se poussait à droite à gauche dans le fleuve. Au fil du temps, la nécessité est devenue un sport… auquel la population des deux autres enceintes, toujours au sec elles, voulu participer. Il y eu donc la bande des Mélans, des vieux quartiers de la ville, et celle des Avresses, des nobles, des aristocrates, des bourgeois… qui se réunissaient dans une maison éponyme. La tradition est restée, et les deux clans s’affrontent encore aujourd’hui.

 

 

Les joutes des échasseurs sont rythmées et impressionnantes. Tous les coups sont permis pour faire tomber l’adversaire : coup de pougnasse ou de poing dans l’abdomen, coup de bourrade dans les jambes… Les plus jeunes d’entre eux ont six ans, mais n’ont pas froid aux yeux et s’attaquent facilement aux plus grands. Souvent, la tradition se transmet de père en fils. Mais le succès des échasseurs attire aujourd’hui de nouvelles têtes.

 

C’est que les échasseurs font partie de ce folklore wallon ouvert et bon enfant. Leur capitaine, Yves Devos, fait la différence entre les échassiers, qui défilent, et les échasseurs, qui luttent. Mais inclut les deux dans une même bonne ambiance de tradition et de camaraderie. Le folklore namurois s’entend bien avec ses homologues d’autres cités. Il se veut rassembleur des différents quartiers de la ville, unificateur des générations.

 

Les échasseurs sont une part importante de l’identité namuroise. Pour protéger et valoriser leur tradition, ils souhaitent l’inscrire sur la liste du patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO. Y figurent déjà le Carnaval de Binche ou la Pêche aux Crevettes à cheval à Oostduinkerke. Les échasseurs sont fortement reconnus et appréciés par la population namuroise et jouissent d’une certaine reconnaissance à l’international : ce sont eux qui sont appelés quand des personnalités importantes visitent Namur, de même qu’ils sont les ambassadeurs de la ville à l’étranger. Mais être inscrit sur la liste de l’UNESCO signifierait une reconnaissance totale pour cette tradition vieille de déjà 600 ans. Une pétition circule en ligne : Namurois ou non, croyez-moi, leurs luttes valent le détour ! Pour les amateurs : rendez-vous aux Fêtes de Wallonie en septembre pour le combat de l’échasse d’or…

http://www.echasseurs.org/projet-unesco/

 

 

 

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