Actualité

Lettre ouverte des etudiants a la ville d’Ottignies-Louvain-la-Neuve

Monsieur le Bourgmestre, Mesdames et Messieurs les Echevins,

C’est avec grand etonnement que l’AGL (Assemblee generale des etudiants de Louvain) et le SYELLO (Syndicats des etudiants de Louvain) ont decouvert ce jeudi 19 decembre la sortie de presse de la ville d’Ottignies- Louvain-la-Neuve au sujet des colocations etudiantes.

De ce que nous avons pu lire dans la presse, la ville presente les colocations comme une « nuisance », tant sonore que visuelle. Or, rappelons que ce type d’habitat est avant tout une evolution de notre societe. En effet, ce mode de vie, adopte tant par les etudiants et les jeunes travailleurs que par les seniors, permet notamment a tous de profiter de la richesse d’une vie en communaute et de contrer la solitude. Nous ne pouvons d’ailleurs que nous etonner qu’une commune, dans laquelle Ecolo fait partie de la majorite, agisse contre cette evolution qui nous semble pourtant positive. Ne nous meprenons pas, si nous sommes en faveur des colocations, nous denoncons tout comme vous la transformation de maisons en divisions de kots dans des zones non autorisees. Cependant, il nous semble que la periode pour « expulser » les locataires est bien mal choisie lorsqu’on connait l’agenda etudiant. Cela aurait eu bien moins de consequences pour les etudiants, d’entamer ces memes procedures en juillet ! Nous saluons d’ailleurs l’action de l’UCL qui a permis a certains etudiants d’etre reloges dans son parc locatif.

 

Outre ce sujet des colocations, nous sommes egalement interpelles et choques par certains propos tenus dans un article publie sur votre site. En effet, ecrire que « Le fait que des maisons unifamiliales se remplissent d’etudiants pose plusieurs problemes: manque d’emplacements de parking, tapage nocturne, non-entretien des jardins, degradation des abords des habitations » stigmatise et discrimine fortement les etudiants. Rappelons que rien ne permet d’affirmer que les etudiants prennent moins soin de leur logement et de leur environnement que les habitants. Generaliser a un groupe les agissements d’une minorite de celui-ci est une pratique dangereuse, qui ne fait qu’amplifier des stereotypes et des prejuges trop facilement vehicules. En faisant cela, vous envenimez le dialogue si fragile entre etudiants et habitants. Malheureusement, ce n’est pas la premiere fois que ce genre de propos est tenu. Vous nous aviez d’ailleurs assure que vous ne feriez plus de tels constats sans fondements. Force est de constater qu’il n’en est rien et que ce sont toujours les etudiants qui paient le prix, d’une part, du simple fait d’etre etudiant, et d’autre part, du manque de logement les poussant a accepter la premiere occasion qui s’offre a eux. Parce que, meme si la penurie se resorbe, rien encore ne permet d’affirmer qu’elle n’existe plus sur le site de Louvain-la-Neuve.

 

Au-dela de la question des colocations, nous tenions a souligner que cette sortie dans la presse met egalement en avant un autre probleme : celui du dialogue et de la relation « etudiants-ville ». En effet, lors de la bipartite en novembre dernier, Monsieur le Bourgmestre, vous nous aviez affirme qu’aucune expulsion de colocations n’avait ete prevue ni meme portee a votre connaissance. Ensuite, en pentapartite, l’AGL, en collaboration avec le SYELLO, a invite la ville et l’Association des Habitants (AH) a la creation d’un groupe de reflexion sur la question des colocations. Mais cette demande n’a pas recu d’echos aupres de vous puisque vos elus se sont ranges derriere le reglement communal qui mentionne l’illegalite de la transformation de maison unifamiliale en colocations. Outre ce manque d’interet quant au dialogue avec les etudiants, nous nous etonnons egalement du calendrier de cette sortie de presse. Quel etait votre objectif et qu’aviez-vous a gagner a sortir en cette periode ? En effet, plusieurs articles de presse nous apprennent que des visites ont eu lieu des avril 2013 dans les colocations jugees illegales. Pourquoi donc attendre l’arrivee de l’hiver, l’arrivee du blocus et donc des examens pour prendre la decision de poser des scelles dans les colocations ? Pourquoi ne pas avoir les avoir poses lors des mois de non-occupation en juillet et aout ? Pourquoi ne pas avoir voulu dialoguer avec nous sur ce sujet et ne pas nous avoir tenus au courant que vous vous occupiez de cette question ?

 

Enfin, Monsieur le Bourgmestre, Mesdames et Messieurs les Echevins, cette situation nous amene a nous poser la question bien plus fondamentale de l’interet et de la fiabilite des organes de discussions tels que la bipartite et la pentapartite. A quoi servent ces reunions si des questions telles que les procedures d’expulsion de colocations etudiantes en sont evincees et si nous sommes tenus a l’ecart des questions pour lesquelles nous avons vivement demontre notre interet et notre volonte de dialogue ? Trois ans a peine apres la marche silencieuse « OLLN pas sans nous », qui a regroupe plus de 800 etudiants qui denoncaient le manque de dialogue entre les etudiants et la ville ; nous sommes au regret de constater que malgre vos promesses rien ne semble avoir change.

 

Comme l’a dit Jean-Marie Petitclerc, « le plus difficile dans l’art du dialogue, ce n’est pas de parler, c’est d’apprendre a ecouter ».

 

Kevin Pirotte, Copresident de l’AGL

Chloe Daelman, responsable f.f. du SYELLO 

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