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Critique The Brocken Circle Breakdown

S'il n'a pas remporté l'Oscar du meilleur film étranger, Alabama Monroe, connu en Belgique sous le nom de "The Brocken Circle Breakdown", ne démérite pas. Décorticage

Après la Merditude des choses, le réalisateur, Felix Van Groeningen, s’intéresse une nouvelle fois à la Belgique des « marginaux ». Didier, cowboy barbu passionné de l’Amérique et chanteur dans un groupe de country, Elise, patronne d’un salon de tatouage et dont l’histoire est encrée sur le corps, tombent amoureux « at first sight ». Elise porte leur fille, Maybelle, et chante dans le groupe de Didier. Le réalisateur nous plonge dans une campagne flamande qui nous fait penser à l’ouest américain tant Didier est crédible dans son rôle de fermier yankee, si ce n’est son truculent accent gantois. Le couple vit un rêve de liberté aux accents utopiques post-sixties. Une histoire de rêveurs, où les deux amants partagent une existence faite de plaisirs simples. Ils rénovent une ferme, vivant momentanément dans une caravane, montant des chevaux et courant nus dans les champs. Mais la vie ne fait pas que des cadeaux. À 6 ans, Maybelle tombe malade, elle a une leucémie. Le film est alors construit comme une sorte d’ascenseur émotionnel où la tristesse  est mêlée aux moments de bonheur ou d’espoir, la narration non linéaire (qui rappelle Blue Valentine de Derek Cianfrance) étant ponctuée de flash backs et de sauts en avant, qui par la même occasion accentuent l’inévitable issue de ce drame. On peut qualifier ce film de mélodrame, où le suffixe fait référence aux nombreuses chansons de country qui rythment le film. Mais les véritables moments où les acteurs nous transcendent sont faits de regards et de silences.

Le film aborde donc le thème de la mort et confronte les points de vue d’Elise, qui croit en une vie dans l’au-delà, et Didier, profondément athée. Deux façons donc d’approcher la maladie et de l’expliquer à un enfant [voir encadré].

Une autre thématique délicate abordée est celle de l’éthique biomédicale. Les parents, face à la maladie de leur fille voient leurs armes limitées par le progrès de la recherche scientifique. C’est alors que  George Bush, aux Etats-Unis, impose son veto au financement d’un programme de recherche sur les cellules souches embryonnaires, en invoquant la Bible.  De quoi pousser notre héros au-delà de ses retranchements et provoquer l’un ou l’autre discours postilloneux, dont celui du concert, emprunté de désespoir et qui touchera le spectateur au terme de ce film dont l’histoire est certes simple mais efficace, avec cette puissance émotionnelle et cet esthétisme qui ont justifié sa nomination au titre de meilleur film étranger des Oscars cette année.

Tony

Papa, tu veux bien me raconter l'histoire des étoiles ?

Oui, quelle histoire ?

L'histoire de quand elles sont éteintes.

Éteintes ?

Celle que tu m'as déjà racontée.

Bon. Une petite étoile comme celle-là, c'est en fait...

- Un soleil.

- Oui. Très bien, Maybelle.

C'est un soleil qui se trouve très très loin. Et sa lumière doit marcher et courir très loin et très longtemps pour arriver jusqu'à tes petits yeux.

Et donc, il arrive parfois que cette étoile soit déjà partie, éteinte, avant que sa lumière n'arrive à tes petits yeux. Il arrive donc que tu voies quelque chose qui est déjà parti. Mais ce n'est pas grave, car la lumière d'une étoile continue toujours à avancer, au-delà de tes petits yeux. Toujours plus loin.

Et donc l'étoile continuera toujours d'exister.

À tout jamais.

 

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