D’autres vies que la mienne - Claude Enuset, sur base du roman d’Emmanuel C

Les deux comédiens – Stéphanie Van Vyve et Xavier Campion – suffisent à jouer tous les personnages. Ils nous font voyager à travers les pays, les situations et les personnages. On oublie nos propres quotidiens pour nous plonger complètement dans ceux d’Hélène et Emmanuel, qui vivent le tsunami au Sri Lanka en 2004, de Delphine et Jérôme, qui y perdent leur fillette de quatre ans, de Patrice et Juliette, qui affrontent la maladie et d’Etienne et Nathalie, qui s’aiment malgré toutes les difficultés. En regardant la pièce, on n’est plus des spectateurs assis dans les rangs du théâtre Jean Vilar, mais des témoins d’une catastrophe naturelle, du cancer, du surendettement et de l’amour qui règne entre les personnages. On atteint le cœur de situations dramatiques, mais la pièce n’est pas sombre ou pesante pour autant. Entre les dialogues émouvants, il y a de nombreux moments plus légers, où on peut voir des couples complices se remémorer de bons souvenirs. 

Du point de vue de la mise en scène, tout est également juste et sobre : seules trois chaises trônent au milieu de la scène. Il y a également un écran qui diffuse de temps à autre quelque vidéos accompagnées de musiques et de l’une ou l’autre phrase qui viennent appuyer l’histoire. Nul besoin de plus d’accessoires ; la beauté et l’intérêt de la représentation résident dans l’écriture de la pièce ainsi que dans le talent des comédiens. Le jeu d’acteur est très bon mais on peut cependant noter un petit bémol : le personnage d’Etienne, censé être handicapé des suites de son cancer, ne boîte pas, ce qui peut mener à une légère confusion des personnages.

Dans l’ensemble, cette pièce est une bonne découverte qui nous montre les points de vue des différents personnages qui, malgré le peu d’emprise qu’ils ont sur les évènements qui leur arrivent, agissent afin de vivre du mieux qu’ils peuvent ; avec empathie, droiture et complicité.