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Loco : pièce de folie

Une heure de spectacle complètement renversante. Du début à la fin, nous sommes captivés par Poprichtchine, la marionnette que les 2 comédiennes Natacha Belova et Teresita Iacobelli font vivre sur scène. Si c’est sans grande expectative que nous nous sommes rendus au théâtre grâce au Jean Vilar, cette œuvre ambitieuse ne nous a pas seulement déridés : elle nous a entièrement bluffés.

De surprise en surprise...

Loco est une interprétation de la célèbre nouvelle de l’écrivain russe Gogol, Le journal d’un fou (écrite en 1834). Les deux artistes nous font entrer dans l’intimité du personnage. Routine, solitude et angoisse dictent la vie de l’homme fictif. Alors qu’il est « copiste de la commune », comme il ne cesse de le répéter avec désespoir dans la pièce, il développe une obsession amoureuse pour la fille de son patron. De là s'ensuit une cascade de péripéties plus farfelues les unes que les autres. Poprichtchine commence par se surprendre à comprendre une discussion entre 2 chiens. Il finira par s’auto-convaincre qu’il est le roi d’Espagne Ferdinand VIII. Plus on avance, au plus l’absurde de la pièce s’accentue. C’est un spectacle très humoristique d’une part, mais aussi symbolique et esthétique d’autre part. Le travail des détails séduit le spectateur et capte aisément l’attention. On se sent chouchouté tout au long du spectacle. Le côté imprévisible des transitions fait qu’à chaque instant l’on peut se dire : « quelle surprise nous réservent-elles encore ? ». On se prend d’affection pour cette marionnette jusqu’à l’aboutissement explosif du spectacle. Le ton de la musique et la vitesse des actions et paroles montent crescendo jusqu’à obtenir un final complètement frénétique. C’est au moment même où l’incompréhension du spectateur est trop forte, que la pièce prend fin et que les lumières se rallument et nous font revenir à la réalité. 

 

Notre appréciation 

Les lumières, la musique, le décor, l’énergie, la précision et coordination des 2 actrices... Tout était absolument parfait. Les 2 femmes, vêtues tout de noir, jouaient chacune un bras de la marionnette et s’échangeait le rôle des jambes. L’une d’entre elle faisait la voix de Poprichtchine et elles chuchotaient toutes deux aux oreilles du personnage qui à certains moments se « débattait » même d’elles. Un sujet finalement assez contemporain. À l’heure du capitalisme où le travail se confond avec efficacité, redondance et ennui, on se met facilement dans la peau du personnage. Sa mobilité et sa façon de s’exprimer sont très réalistes et amusantes : il est fou mais on l’écouterait parler pendant des heures. Les danses dans le lit du personnage créent des scènes magiques et émouvantes. Des apparitions burlesques sous les projecteurs se font de manière spectaculaire et inattendue. Aussi, les deux artistes utilisent très bien leur corps comme élément du décor. Une histoire triste, surréaliste, racontée avec beaucoup d’humour pour un résultat auguste. Loco est un vrai chef-d’œuvre et l’Étincelle tire son chapeau à Teresita Iacobelli et Natacha Belova.  C’est un 10/10 pour nous !

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