Vie étudiante

Que savez-vous de la calotte ?

Vous avez tous déjà vu ce couvre-chef orner une tête, mais connaissez-vous son histoire et sa signification ? Loin de n’être qu’un signe extérieur d’appartenance, la calotte revêt un caractère beaucoup plus profond pour celui qui la porte.

 

Commençons par un peu d’histoire. La postérité a retenu que la calotte avait été créée en 1895 par Edmond Carton de Wiart et Thomas Braun, alors étudiants en droit à Louvain. Ceux-ci voulaient concrétiser la volonté des étudiants catholiques de se doter d’un signe distinctif, par opposition aux étudiants libéraux. À l’époque en effet, la division entre les piliers de la société belge était bien plus visible que maintenant, et les rixes entre étudiants de différents bords étaient fréquentes. Le mot calotte désigne à l’origine le petit chapeau rond dont se coiffaient les ecclésiastiques (et que porte encore régulièrement le pape). Le terme était alors employé péjorativement par les étudiants libéraux pour symboliser leur anti-cléricalisme, comme le montre le premier couplet du « Chant des calottins », toujours entonné aujourd’hui parmi les porteurs du couvre-chef.

 

Au jours de fièvre et d’émeute et de rage,

    Quand les meneurs font marcher les pantins,

    Des cris de guerre éclatent avec rage :

    Bas la calotte, et mort aux calottins !

    Or nous avons ramassé dans la boue

    Ce sobriquet par la haine inventé,

    Dont on voulait nous flageller la joue,

    Nous calottins de l’université    

 

Edmond Carton de Wiart aurait fait fabriquer un stock de calottes, qui se seraient vendues comme des petits pains auprès des étudiants de la régionale Hennuyère, qui patinaient sur les étangs de l’abbaye de Parc. D’autres versions existent, mais, quoi qu’il en soit, il est assez clair que le chapeau n’est pas apparu de rien et qu’il a été inspiré de celui des zouaves pontificaux, un corps composé principalement de Belges et de Français partis défendre les États du pape contre la réunification italienne dans la deuxième moitié du XIXe siècle.

 

Ainsi la calotte s’est-elle répandue auprès des étudiants catholiques, à Louvain d’abord, où le calot (partie supérieure) est couleur lie-de-vin, comme sur le chapeau des zouaves, puis à Liège et Gand, où il est devenu respectivement émeraude et blanc.

 

Le folklore estudiantin a eu à souffrir de mai 68 et du rejet des traditions, les connotations liées à la calotte étant évidemment très fortes, mais il a retrouvé des couleurs dans les années 80 et perdure jusques à aujourd’hui. 

 

Pour ce qui est de son aspect, la calotte se compose d’un calot en velours et d’une couronne en (aujourd’hui synthétique) d’astrakan. Elle s’est codifiée avec le temps pour aboutir à l’heure actuelle à un système assez complet d’insignes, de bandes et de couleurs avec chacun leur signification. En effet, la provenance de chaque calotte sera identifiée grâce à la couleur de son calot, aux couleurs présentes sur son croisillon (bandes de tissu croisées à l’avant) et aux lettres de l’université et de l’organisation estudiantine auxquelles appartient son porteur. De plus, une bande placée derrière permettra, grâce à sa couleur, son type de tissu et les insignes qu’elle comporte, d’indiquer les études suivies et, à côté, l’année (comptée depuis 1895) lors de laquelle l’étudiant a eu sa calotte. Ensuite, un système d’étoiles et d’insignes de fonction montre son parcours universitaire et sa vie folklorique, ses postes de comité s’il en a, etc. Une autre partie sera couverte de divers insignes illustrant le caractère, les centres d’intérêt ou des anecdotes sur la vie du porteur, et une dernière partie sera ornée d’insignes échangés avec d’autres calottins en guise d’amitié.

La calotte est une sorte de carte d’identité de l’étudiant, mais aussi un symbole d’appartenance à une organisation, à un milieu, à une tradition ; c’est également un symbole d’adhésion à certaines valeurs pour celui qui la porte : folklore et traditions, respect, tolérance et ouverture, ainsi que camaraderie.

 

Le folklore calottin compte encore bien d’autres aspects, mais je vous laisserai les découvrir par vous-mêmes, car comme beaucoup de choses, le folklore se vit, et il se meurt s’il n’est plus qu’une liste d’usages décrit dans les livres, à l’instar de pans entiers de toutes les cultures, passés au moule de la globalisation.

 

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